Surveillance des eaux et réseaux
24 juin 2025

Surveillance des eaux et réseaux : comment cela fonctionne ?

Face aux conséquences du changement climatique, la surveillance des eaux et des réseaux est devenue une nécessité. Elle permet d’anticiper les risques, de garantir la qualité du service public de l’eau, et de préserver cette ressource vitale.

L’eau circule dans des réseaux souterrains complexes, souvent invisibles mais vitaux. De la source au robinet, puis jusqu’à la station d’épuration, chaque mètre de canalisation, chaque réservoir ou branchement joue un rôle dans notre quotidien.

Pour que cette mécanique fonctionne sans faille, il est essentiel de surveiller l’ensemble du réseau, de détecter les fuites, de contrôler la qualité et d’anticiper les dysfonctionnements. Grâce à des solutions technologiques intelligentes, la gestion des réseaux d’eau est devenue plus précise, plus réactive, plus connectée.

Mais comment cela fonctionne concrètement ? Quels sont les outils mobilisés ? Qui est responsable de cette surveillance ? Cet article vous donne les clés pour comprendre les enjeux et les mécanismes de la surveillance des eaux et des réseaux.

Qu’est-ce qu’un système de surveillance de l’eau, et des réseaux ?

Surveiller un réseau d’eau, c’est bien plus que lire un compteur ou inspecter une canalisation. C’est organiser une veille continue, à différentes échelles, pour garantir que l’eau circule en toute sécurité, sans perte, sans contamination et avec un service constant pour les usagers.

Un système de surveillance combine des outils physiques (capteurs, vannes connectées), des plateformes numériques (logiciels de supervision, interfaces cloud) et une logique d’analyse et d’intervention.

Ces systèmes permettent de :

  • Détecter des fuites d’eau et d’autres anomalies sur le réseau (pression trop élevée, pollution...),
  • Optimiser les interventions sur le terrain,
  • Sécuriser l’approvisionnement en eau potable,
  • Suivre la performance du réseau (rendement, pressions, niveaux, débit),
  • Anticiper les incidents et les pics de consommation.

Ils concernent à la fois les réseaux d’eau potable, les réseaux d’assainissement et parfois les eaux pluviales. Leur efficacité repose sur l’interconnexion entre les différents éléments du réseau et sur la capacité à transformer des données en décisions concrètes.

Grâce à eux, les gestionnaires passent d’une logique de réaction à une logique d’anticipation, au bénéfice des organisations, des collectivités et des citoyens. Ils peuvent ainsi contrôler en temps réel ou périodiquement les performances des infrastructures d’eau potable et d’assainissement.

Ces systèmes reposent sur l’instrumentation du réseau, la collecte de données, leur transmission et leur analyse.

Quels sont les composants du réseau d’eau ?

Un réseau d’eau potable comprend plusieurs éléments essentiels :

  • Des stations de pompage et de traitement : elles permettent de capter l’eau brute, de la traiter pour la rendre potable, puis de la diriger vers les zones de distribution.
  • Des réservoirs de stockage : ils assurent une réserve d’eau suffisante pour répondre à la demande quotidienne et aux pics de consommation (exemple : châteaux d’eau).
  • Des canalisations de transport et de distribution : elles acheminent l’eau depuis les stations ou réservoirs vers les différents points de desserte, tout en maintenant une pression constante.
  • Des dispositifs hydrauliques (pompes, raccords,filtres…), pour permettre l’acheminement de l’eau.
  • Des branchements individuels, ou branchement abonné : ils relient chaque logement, bâtiment ou établissement au réseau public, permettant une distribution ciblée.
  • Des points de surveillance (compteurs, capteurs, vannes) : ils collectent des données en temps réel sur les volumes, la qualité et la pression de l’eau pour permettre une gestion fine du réseau.
Château d'eau

Côté assainissement, on retrouve :

  • Des collecteurs d’eaux usées : ils récupèrent l’eau usée provenant des habitations et entreprises pour l’acheminer vers les ouvrages de traitement.
  • Des collecteurs d’eaux pluviales & de ruissellement (le changement climatique entrainant étiages et crues, il est important de gérer les effluents liés aux eaux de pluie).
  • Des postes de relevage : ils permettent de remonter les eaux usées dans les zones de faible pente afin qu’elles puissent continuer leur chemin vers la station d’épuration.
  • Des stations d’épuration : elles traitent les eaux usées pour éliminer les éléments impropres avant leur rejet dans le milieu naturel.
  • Des exutoires pour le rejet final dans le milieu naturel : ce sont les points de restitution de l’eau traitée dans les rivières ou lacs, dans le respect des normes environnementales.

La surveillance intervient à tous les niveaux pour suivre la circulation de l’eau, identifier les pertes, analyser la qualité et détecter les défaillances.

Assainissement

Quelles sont les principales architectures de distribution d’eau ?

Il existe principalement trois types d’organisation des réseaux de distribution :

  • Réseau ramifié : une architecture simple où l’eau suit une voie principale avec des dérivations secondaires. Facile à mettre en place, il est néanmoins vulnérable aux coupures en cas d’incident sur la ligne principale.
  • Réseau maillé : un réseau en boucles interconnectées, plus résilient aux coupures. Il permet de rediriger les flux en cas de défaillance sur une section du réseau, assurant ainsi une meilleure continuité de service.
  • Réseau mixte : un mix entre les deux précédents, adapté aux zones complexes, souvent rencontrées dans les agglomérations. Il offre un bon compromis entre redondance, flexibilité et simplicité de maintenance.

Chaque configuration demande une stratégie de surveillance adaptée pour assurer la continuité de service et réagir rapidement en cas d’incident.

Qui gère les réseaux d’eau ?

En France, la gestion des réseaux d’eau est une responsabilité décentralisée confiée aux collectivités locales. Les communes ou les intercommunalités sont propriétaires des infrastructures d’eau potable et d’assainissement. Elles doivent veiller à la continuité du service public, à la qualité de l’eau distribuée et à la préservation de la ressource.

Deux modèles de gestion coexistent :

  • La gestion en régie : la collectivité exploite directement le service de l’eau avec ses propres agents, équipements et budgets.
  • La gestion déléguée : la collectivité confie à une entreprise privée, via un contrat de délégation de service public (DSP), l’exploitation du service. Cette entreprise assure l’entretien des réseaux d’eau, la surveillance, la facturation, sous le contrôle de la collectivité.

Dans les deux cas, les décisions stratégiques restent entre les mains des élus locaux, mais l’efficacité du service dépend aussi des moyens techniques et humains déployés.

Quel organisme est chargé de contrôler la potabilité de l’eau ?

Le contrôle de la qualité de l’eau distribuée est une obligation réglementaire encadrée par le Code de la santé publique. Ce contrôle est assuré par les agences régionales de santé (ARS), placées sous l’autorité du ministère de la Santé.

Les ARS effectuent des prélèvements réguliers sur les points de production et de distribution de l’eau. Ces analyses permettent de vérifier la conformité de l’eau à plus de 60 paramètres de qualité.

Les contrôles peuvent être renforcés en cas d’alerte, de pollution accidentelle ou dans des zones sensibles. En parallèle, les exploitants des réseaux (qu’ils soient publics ou privés) réalisent leur propre surveillance interne en continu, afin d’assurer une réactivité immédiate.

Cette double surveillance – externe par les ARS, interne par les exploitants – constitue une garantie essentielle pour la sécurité sanitaire des consommateurs.

Contrôle de la potabilité

Quels sont les 3 critères de la potabilité de l’eau ?

L’eau potable doit répondre à trois grands critères, chacun garantissant une dimension spécifique de la sécurité et du confort des consommateurs :

1. Critères microbiologiques : il s’agit de vérifier que l’eau est exempte de micro-organismes pathogènes, tels que les coliformes, les entérocoques, les E.coli ou encore les légionelles. Par exemple, la présence d’E.coli dans un échantillon est un indicateur direct de contamination, et peut rendre l’eau impropre à la consommation immédiate.

2. Critères physico-chimiques : ce critère regroupe de nombreux paramètres mesurables comme le taux de nitrates, les résidus de pesticides, les métaux lourds (plomb, arsenic), le pH ou la conductivité. Une eau présentant un taux de nitrates supérieur à 50 mg/l, par exemple, est considérée comme non conforme selon les normes européennes. Un pH trop acide ou trop basique peut aussi causer la corrosion des canalisations et altérer la qualité de l’eau.

3. Critères organoleptiques : ces paramètres concernent le goût, l’odeur, la couleur et l’aspect général de l’eau. Même si une eau est conforme sur le plan microbiologique et chimique, une mauvaise odeur ou un goût métallique peuvent entraîner une méfiance des usagers et inciter à ne pas la consommer. Par exemple, une coloration brunâtre liée à une présence de fer ou de manganèse peut susciter des inquiétudes, même sans risque sanitaire immédiat.

Ces trois critères sont surveillés en continu par les exploitants et régulièrement contrôlés par les ARS pour garantir la qualité de l’eau du robinet sur tout le territoire français.

Pourquoi faire de la surveillance de l’eau et des réseaux ?

La surveillance continue des réseaux d’eau est aujourd’hui incontournable pour garantir un service fiable, économique et durable. Elle répond à plusieurs enjeux :

  • Maintenir la qualité sanitaire de l’eau, en détectant immédiatement toute dérive de paramètres (turbidité, chlore, pH…),
  • Optimiser le rendement des réseaux, en localisant rapidement les fuites ou les pertes non apparentes,
  • Protéger l’environnement, en évitant les débordements, pollutions ou rejets accidentels dans le milieu naturel,
  • Renforcer la sécurité, en identifiant les anomalies, intrusions ou risques techniques pouvant affecter les usagers,
  • Anticiper les besoins et les urgences grâce à la donnée en temps réel, afin d’intervenir avant que les incidents ne s’aggravent.

Grâce à la surveillance à distance, les opérateurs passent d’une gestion réactive à une gestion préventive. Ils peuvent adapter les débits, isoler un secteur, ajuster les traitements, planifier des opérations de maintenance. Cela permet aussi d’informer rapidement les usagers en cas de coupure ou d’incident.

Les bénéfices sont à la fois économiques (moins de pertes, moins d’interventions d’urgence), techniques (meilleure connaissance du réseau) et environnementaux (meilleure maîtrise des rejets et de la ressource).

Surveillance à distance

Les outils et dispositifs pour la surveillance de l’eau et des réseaux

Parmi les technologies de surveillance de l’eau et des réseaux mobilisées aujourd’hui :

  • Capteurs/Enregistreurs de pression, de débit et de qualité d’eau pour les réseaux AEP : installés directement sur les canalisations ou dans les points sensibles du réseau, ces capteurs mesurent en continu des paramètres clés comme la turbidité (indicateur de particules en suspension), la concentration en chlore, le pH ou encore le taux d’oxygène dissous. Ces données permettent d’alerter en temps réel en cas de dérive ou de pollution accidentelle.
Logger Blue
  • Compteurs intelligents : ils enregistrent la consommation d’eau avec une grande précision et transmettent les données à distance via un réseau radio ou GSM. Ils permettent de détecter rapidement des consommations anormales (synonyme de fuite) et de mieux piloter la facturation et la gestion de la ressource.
Regard multicomptage QUATRO
  • Vannes connectées : ces outils innovants peuvent être ouverts ou fermés à distance, depuis un centre de supervision. Ils permettent de piloter le réseau d’eau avec des opérations telles que des purges. Des alertes sont envoyées en cas de consommation anormale, limitant ainsi le gaspillage.
Vanne connectée WAYVE
  • Paramétrage et analyse : Des logiciels de configuration ou des applications assurent le paramétrage des capteurs et enregistreurs. Ils permettent également la collecte et l’analyse des données.
Paramétrage des capteurs
  • Logiciels de supervision SCADA (Système de contrôle et d’acquisition de données) : véritables centres nerveux des réseaux surveillés, ces logiciels agrègent toutes les données issues des capteurs ou des équipements communicants. Ils permettent de visualiser le réseau en temps réel, de générer des alertes automatiques, de consigner les historiques et d’assister les opérateurs dans leur prise de décision.
Plateforme de supervision

Le groupe Claire déploie ces dispositifs sur le terrain et conçoit des solutions adaptées aux besoins spécifiques des collectivités. Que ce soit pour l’eau potable, l’assainissement ou les eaux pluviales, leur mise en œuvre permet un pilotage plus précis, plus économique et plus réactif des réseaux hydrauliques.Synergies Claire

En résumé

La surveillance des eaux et des réseaux est devenue une nécessité. Elle permet d’anticiper les risques, de garantir la qualité du service public de l’eau, et de préserver une ressource vitale face aux aléas climatiques et aux pressions croissantes. Les atouts de ces systèmes sont multiples, que ce soit dans le cadre de la transition énergétique des territoires, l’autosurveillance réglementaire pour l’assainissement ou encore le diagnostic permanent pour l’eau potable.

Grâce aux technologies connectées, à l’automatisation et à l’analyse des données, les gestionnaires peuvent aujourd’hui agir de manière proactive, optimiser leurs interventions et renforcer la résilience de leurs infrastructures. La combinaison entre performance, grâce à la maîtrise technique et surveillance, grâce aux outils de supervision, ouvre la voie à une gestion durable, efficiente et transparente de l’eau, au bénéfice de tous.